Daniel Boucher

Daniel Boucher

On se rappelle évidemment de l’arrivée éclatante de ce rockeur-chansonnier en 1999 avec La désise, ver d’oreille humoristique et frondeur.
On craque alors pour son mélange de nonchalance et d’engagement social. Et, surtout, on s’étonne et on s’éprend de ce vocabulaire bien à lui : des mots inventés et des phrases inversées, dont il traîne volontairement chaque syllabe pour mieux la mordre.

À chaque nouvel album, on attribue au musicien ce compliment rare (Dix mille matins, La patente, Chansonnier, Le soleil est sorti). L’homme est franc et son regard est ouvert. C’est lui, le Poète des temps gris en errance avec le verbe qui claque contre ce système qu’il appelle La patente. La bravade dans la lignée de Charlebois et les espérances dans celle de Félix. Les filiations de Daniel Boucher sont honnêtes.

Toutte est temporaire est l’album d’un homme mûr. Il n’a rien à voir avec la saveur du jour. C’est du Daniel Boucher, fidèle à lui-même. Il chante ce qui lui colle au cœur et à la tête. On y retrouve des prises de position politiques et linguistiques, ainsi que des chansons d’homme et d’amour. Il se chante.

Voici donc le Daniel Boucher d’aujourd’hui, le regard bleu perçant et la voix de front. Daniel Boucher a entièrement réalisé l’album, avec l’aide de son vieux complice Sylvain Clavette. Histoire de ma vie (Scusez me), introduction légère et funky, met la table, puis Boucher s’installe fermement avec À ma place. Il chante pour ceux qu’il aime et pour ceux qui sont partis (Mont-Louis, Toutte est temporaire). Le chanteur expérimente aussi avec de l’échantillonnage sur deux pièces : l’entraînante Embarques-tu, qui emprunte une rythmique à Je n’ai pas de rose pour ta fête des Karrick, et un extrait du monologue d’Yvon Deschamps à la Saint-Jean-Baptiste de 1975 pour sa chanson La langue.
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